LE PINCEAU EKTACHROMIQUE

Eric Kawan

L’ordre et l’indicible

Ne cherchez pas, ici, tout est illusion.

Créateur d’univers, transformateur de matières et arpenteur de rêves, Manuel Geerinck nous offre un nouveau trajet. Des images qui n’existent pas.

A l’heure où la photo explose ses clichés dans toutes les foires et les expos ; au moment où la technique sort de son cadre stricte pour afficher des grands formats aux allures événementielles ; à l’instant où le digital à tendance publicitaire remplace peu à peu les gélatines argentées ; le peintre, ici, nous rappelle que l’art n’est pas de reproduire mais d’inventer.

Plus conceptuel que son travail de dessins ou de peintures, Manuel Geerinck détourne des formes, découpe des dessins, trace des couleurs, des morceaux d’images et rassemble le tout dans ses prises de vues. Contrairement au travail pictural, le travail photographique, lui, ne se retravaille pas. Il est net et sans artifices. Refusant les retouches et l’utilisation des outils informatiques, il s’appuie sur ce que l’artiste a de plus développé : ses qualités de visionnaire, au delà des possibles et de toute réalité.

L’imagination au pouvoir ! Parce qu’il faut, pour concevoir ces images, une idée plus affinée, une vison plus claire, un regard plus profond en soi ; comme une toile dont on recherche la couche préalablement disparue sous les autres. C’est l’instant originel que l’on recherche là ou l’accessoire construit l’essentiel. A la différences du dessin ou de l’oeuvre picturale, il y à aussi, pour certaines, une référence temporelle comme une image, un objet, qui va disparaître, qui n’existe pas ou plus à l’instant même où il s’adresse à nous. A la vitesse de la lumière, il est et n’est déjà plus.

La peinture, le dessin et la photo participent ici aux mêmes trajets de la pensée : transcrire l’essentiel des images sans que l’on ne puisse en définir l’origine. Dans son nouveau travail, Manuel Geerinck nous construit une nouvelle dimension, celle d’un monde de formes et de mouvements perpétuels figés qui n’existent que dans l’imagination. Un monde d’objets en mouvement, immergés, perforés, brisés, engloutis que l’on ne peut se représenter. On les voit, on les touche mais il nous est impossible de les nommer. D’ailleurs, celui qui n’a pas de nom n’est-il pas lui même le créateur ?

Alors, bienvenue dans le monde de l’ordre et de l’indiscible, dans un monde ouvert, bien loin de tous les clichés.

A côté de ces nouvelles expériences, la Galerie propose un ensemble d’oeuvres récentes.